La restauration du tympan de l’église Saint-Maur de Martel, débutée en mai 2017, vient de s’achever à l’automne.
Ce tympan roman date du XIIe siècle et fait partie, avec le portail, de ce qui nous reste d’un édifice antérieur. L’église Saint-Maur, quant à elle, a été édifiée entre le XIVe et le XVIe siècle. Elle a été classée Monuments historiques le 26 juillet 1906.
Une représentation du début de la Parousie
Abrité par la tour-porche, le tympan a conservé une partie importante de ses polychromies. Stylistiquement, le portail de l’église Saint-Maur appartient à une époque charnière. Il est contemporain des portails de Saint-Denis et du début de la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris (1166). Il représente le début de la Parousie au jour du Jugement dernier. La Parousie est ce moment de la fin des temps où le Christ glorieux reviendra pour juger les vivants et les morts. Les anges entourent le Christ tandis que les tombeaux s’ouvrent. Ce moment précède le Jugement dernier.
Un tympan qui a beaucoup souffert.
Le tympan est constitué de quatre dalles de calcaire sculptées qui, sur champ, reposent sur un linteau constitué de deux pierres allongées sculptées. L’ensemble était soutenu par deux piédroits et un pilier central, appelé couramment un trumeau. Au XVIIIe siècle, ce trumeau a été supprimé, vraisemblablement, pour permettre le passage des dais de procession. Ce faisant il a fragilisé la tenue du tympan. Pour remédier à cette situation, une barre métallique a été encastrée à la base du linteau, mais sous l’effet de la rouille la pierre du linteau s’est fissurée longitudinalement. Ce fer a alors été remplacé au XXe siècle par un tube en acier de 4 cm de diamètre.
Les deux piédroits ont aussi beaucoup souffert avec le temps. Ils ont été repris au XVIIIe siècle de façon assez sommaire, sans véritable liaison avec la maçonnerie préexistante. Ils sont arrivés à un degré de fragilité qui a imposé une reconstruction complète.
Les mouvements du linteau ont généré des désordres dans les dalles de calcaire qui ont dû être tenues entre elles par des agrafes métalliques visibles jusqu’à présent. Celles-ci viennent d’être remplacées par des agrafes en inox invisibles à l’œil.
Le visage du Christ avait été refait en plâtre à la fin du XIXe siècle. Il n’en restait plus qu’une moitié droite abimée jusqu’à ce qu’une nouvelle tête soit totalement reconstituée cette année.
D’autres outrages du temps ont nécessité des reprises qu’il serait trop long d’expliciter ici. Reste la question de la polychromie médiévale, avec un riche jeu de couleur, qui subsiste ici et là.
Mais des sculptures bien conservées.
En dépit de ces désordres, les sculptures du tympan ont remarquablement bien résisté au temps, grâce notamment à la tour-porche qui l’a bien protégé des intempéries. C’est aussi en ce sens que cet ouvrage, vieux de plus de 800 ans, mérite une attention particulière par la qualité de sa composition et par le témoignage religieux qu’il nous offre.
Source : Rapport d’avril 2011 établi par Jean-Louis Rebiere, architecte en chef des Monuments historiques, et Yves Le Douarin, économiste des Monuments historiques